« C’est nous les canuts ! » : c’est ce refrain que chantaient les ouvriers lyonnais, tisseurs de soie et fiers de leur travail, lors de leur révolte sociale de 1831.
« C’est nous les banuts ! » : il est évident que toute ressemblance avec des coureurs engagés sur le trail mis sur pied dimanche 28 septembre par les pompiers de Combes serait purement fortuite. En tout cas, sur les routes de l’Espinouse, dans la berline qui contenait tout de même cinq Lacaunais, il ne restait plus guère de place pour le moindre couvre-chef. Et ce n’est pas un « banut » que les athlètes croisèrent, mais un jouvenceau (ou jouvencelle) qui n’avait encore que du duvet sur le front. Ce jeune mouflon stationnait sur la route, avant de comprendre le danger. Et cela même si une conduite en souplesse de cette Citroën high tech permit à Lionel (Gros) et Cyrille (Jacquemin) sur le 32 km, comme à Yohann (Girabancas), Jean (Rascol) et le Ban… non le Bossuc sur le 15 km, d’entrer en lice dans des conditions optimales de fraîcheur.
« Finalement, même les premiers, ils ne sont pas plus pittoresques que ça. » Facile de dénigrer les athlètes qui n’en sont qu’aux prémices de la première montée (km 2). Mais déjà Lionel était en embuscade derrière un premier petit groupe. Tandis que Cyrille avait accroché le wagon du plus gros peloton. À l’arrivée, c’est un Lionel décomposé qui gravissait la dernière rampe ; visiblement, il s’était dépassé, voire surpassé pour décrocher l’ami Cédric Nel, toujours entreprenant, à l’amorce de la dernière côte. Quant à Cyrille, c’était du concentré : il est resté sourd à l’appel d’une sirène randonneuse qui avait vu en lui le sherpa idéal. Et 3h45mn après le départ, il suffisait de l’écouter converser au téléphone : « Mon président, tu sais, je me suis bien défendu. Comme j’étais en forme, j’ai porté haut les couleurs du club, en finissant, c’est sûr, dans le premier quart des concurrents. Les autres ? Lionel a fini sur… »
« La nature toujours maîtresse, parfois traîtresse. » Ainsi peut être résumée l’intervention de Lionel, au micro que Stéphane Tailhades tend à tous les participants, champions ou pas, avec beaucoup d’équité… surtout s’ils sont Lacaunais. Avec une pensée pour les sinistrés des inondations sur Lamalou et Saint-Gervais, Lionel voulait ainsi rendre hommage avec humilité à ces décors sauvages du Caroux. Que l’on devine tout le temps, puisque l’on a si souvent le regard fixé sur la prochaine foulée. Que l’on entr’aperçoit quelquefois : sublime panorama au détour d’un virage. Quant à son entraînement qui lui a permis d’être parvenu depuis quelques années au niveau des meilleurs régionaux : « Non, pas de plan, juste de l’intuition. Un savant mélange d’effort ingrat et de plaisir délicat. C’est top comme saveur. »
Recalé dernièrement à une course toulousaine (maximum de participants atteint), Yohann a continué à s’entraîner tous les jours (« Ce sont les copains qui, hier, sont venus me chercher »). Malgré cela, il signe une excellente 6e place… qui lui laisse quelques regrets : « Si j’avais mieux planifié, il y avait, je pense, de la place pour un podium. » Jean a été égal à lui-même : sans faiblesse sur ce parcours qu’il a effleuré lors de son retour aux sources (randonnée solitaire) du début septembre. Quant au Bossuc, ses lacets se sont défaits au bon moment devant un paysage vertigineux qu’il a embrassé. Certes furtivement. Mais les vieux sages vous diront qu’essuyer de légères frustrations permet de toujours garder intacte l’envie de découvrir. Et éviter ainsi le blues des parvenus.
Note pour les étrangers à la langue d’oc : banut, de bane = corne.
Trail de 32 km
1er Jean-Baptiste Grimal
3eme.Lionel Gros (pour la troisième fois ici, c’est-à-dire depuis toujours)
?. Cyrille Jacquemin
Trail de 15 km
1er Nicolas Marre en 1h22’04.
6eme Yohann Girabancas à 4’55.
38emeJean Rascol à 24’55.
48emeAndré Suc à 28’27.
cyrille
Oct 01, 2014 @ 05:49:47
Encore du grand dédé. Qu’est ce qu’on peut prendre du plaisir à faire un sport individuel avec ses coéquipiers!!
Je tairais néemmoins, par respect, les épisodes douloureux de l’avant course (maux de ventre, frayeur, mal de dos et autres torticolis…)
A noter également la présence d’un autre Lacaunais, pas au club, mais Lacaunais quand même: Guillaume FAGES, qui se prend vraiment au jeu. Un objectif pour lui aux banuts : battre Dédé. Mais notre athlète ne s’en n’est pas laissé conter, et termine juste devant Guillaume (qui s’est perdu semble t-il).
Et enfin FELICITATIONS aux organisateurs, parcours superbe, alternant à merveille passages roulants et techniques, un balisage suffisant à mon goût, il fallait bien lever la tête à certains endroits pour ne pas s’égarer. Des bénévoles plus que charmants.
En cette période de l’année, cette course risque de devenir, pur moi, une habitude.
tailhades
Oct 04, 2014 @ 12:45:20
RATIATHOUSTRA
« On est venu pour courir entre amis et en soutien aux sinistrés de ce versant de l’Espinouse qui a engendré tant de dégâts sur les communes qu’il domine ». Ainsi parler Sylvain RATIA à l’aube de ce dimanche 29 septembre 2014.
Ce sont plus de 230 concurrents qui avaient répondu présent à l’appel des sirènes des pompiers de Combes, soit une augmentation de plus de quarante pour cent du nombre de participants.
Le départ de la course de 32 km était décalé d’un quart d’heure. La faute à un brouillard épais qui trainé encore des relents de sa colère déversée quelques jours auparavant sur les hauteurs du massif. En effet, ces conditions entraîner des retards quant aux inscriptions, et l’organisation décidé sagement de différer les festivités.
Après un hommage rendu aux 4 morts de Lamalou les bains, le départ était donné sous les foudres du vainqueur de l’édition de 2012.
Yohan MARCOUIRE prenait « la poudre d’escampette » dès le départ, déclenchant un véritable coup de tonnerre chez ses adversaires du jour. « Que faire ? », suivre ce départ kamikaze, laissé partir sans regarder, ou limiter les dégâts.
C’est la dernière solution qu’un groupe de coureur décidé d’adopter. Amener par le vainqueur sortant, plutôt inquiet à ce moment de la journée. Cette configuration de course allait durer jusqu’à la mi-parcours. Mais, à ce petit jeu du chat et de la souris l’écrémage s’était fait de l’arrière. Seul le vainqueur de l’édition 2013 avait toujours en vue le fuyard matinal. Et, c’est juste après la mi-course que Jean-Baptiste GRIMAL revenait à hauteur de l’homme de tête. C’est alors qu’on pouvait assister à un mano à mano entre les vainqueurs des deux dernières éditions. Absolument superbe, d’autant plus qu’il était attendu, ce bras de fer allait livrer son verdict dans un des nombreux « rapailloux » de l’épreuve. Ainsi, Mr GRIMMAL profité de l’un d’eux pour porter l’estocade et s’en aller cueillir un doublé qui fait de lui la référence à atteindre sur ce trail des banuts. Lui qui était en pleine préparation pour le grand raid de la réunion se disait tout étonné par « mes jambes de feu, malgré une charge de travail importante tout au long de la semaine ». Il pouvait offrir une victoire à sa fille, qui de sa poussette s’égosillée dans des babillages encore plus explicite que les ovations du public venu acclamer le vainqueur.
Pour la deuxième place, c’est un raideur ayant laissé partir tous les favoris sur leur rythme endiablé qui franchissait la ligne d’arrivée. G POCOVY resté calé à la huitième place pendant près des deux tiers de la course profité de la défaillance des leaders pour effectuer sa remonté. Et, avec la force mentale qu’offre ce genre de stratégie, il se voyait récompensé d’une deuxième place que sa sagesse lui permettait de récolter.
Le podium était complété – et c’est devenu une tradition – par l’incontournable Lionel GROS, qui confiait toutefois être allé chercher loin en lui-même pour accroché cette troisième place… pour cette troisième édition.
Stéphane DESSILLA venait échouer au pied du podium tout content de voir sa préparation pour la grande course des templiers en bonne voie. Nul ne doute que l’homme du Caroux x-trail sera prêt le jour « J » et qu’avec son expérience et sa détermination les favoris de cette épreuve devront se méfier de lui en cas de défaillance.
Cédric NELL, longtemps compagnon de Lionel GROS terminé à la cinquième place, prouvant que le mental dont on dit que c’est son point faible lui permettait d’accrocher les jeunes têtes d’affiche. En effet, Cédric était le premier vétéran à franchir la ligne d’arrivée.
Chez les féminines, la lutte était tout aussi intense, mais la tenante du titre Caroline LE BIHAN ne pouvait rien faire face à la vitesse de Lucie JOSIAN.
Et, pendant ce temps-là, la course des 16 km voyait le lozérien Nicolas MARRE triomphé après une erreur de parcours du grandissime favori Abel JORISSEN. Celui-ci après avoir perdu une bonne dizaine de minutes lors de son aventure hors circuit était remis sur les bons rails par l’organisation. Il repartait alors en dernière position mais trouvé le moyen en l’espace de 14 km de rattraper près de 140 concurrents pour terminer à la cinquième place. Aux dires de ceux qui l’on vu les doubler, et ils sont nombreux, « un avion de chasse ». Abel, très fair-play expliqué que l’erreur était de son fait et qu’elle faisait partie des aléas de la course, mais aussi qu’elle lui avait permis de forger son mental qui constitue un point important à travailler.
Côté féminin, Julie DEHOUCK la sœur de Cédric – un des plus grand champion régional de cross du milieu des années 90 – remporté une victoire qui lui tendait les bras.
Mais, avant tout ceci c’est dans la nuit que des hommes expérimentés s’en été allé ouvrir les pistes. Parmi eux Cyril ABBAL et Philippe RAYNAUD soutien indéfectibles de cette épreuve. Pour ce qui est du président du Caroux x-trail on le retrouvé en fin de journée affichant beaucoup de fierté à voir que plus de 25 de ses membres avaient participés aux épreuves du jour. Et de savoir que dix autres avaient répondu présent à l’appel de Jacques et de Coco pour les aider dans l’organisation.
En ouverture de la cérémonie du podium, hommage était rendu à Michel TORSIELLO pour son passé de grand champion et toute l’aide qu’il apporte aux épreuves des hauts cantons. Emu aux larmes « Miguel » faisait savoir toute sa fierté à voir la relève gambader de la sorte. Il clôturait la journée aux commandes de son harmonium. Chacun pouvait alors se dire en dégustant son velouté aux cèpes « la vie c’est plus marrant, c’est moins désespérant en chantant ».
Quant à Sylvain RATIA, tel ZOROASTRE , il s’en allait composer ses breuvages et son enseignement dans son restaurant audois pour le plus grand bien de ses clients. Les yeux pleins de rêves et le cœur remplit d’amour pour ce versant de l’Espinouse qu’il a pris plaisir à parcourir.
Ainsi avait cheminé RATIATHOUSTRA au crépuscule de ce dimanche 29 septembre 2014
Désolé pour l’orthographe, mais j’étais un véritable cancre à l’école. Si seulement j’avais pu avoir des professeurs comme Cyril ou Lionel…
Bossuc
Oct 05, 2014 @ 08:09:16
Il s’en passe des choses sur ces courses ! Pas un long fleuve tranquille. Et moi qui ne me rappelle même plus la couleur des semelles de mon prédécesseur (il était jeune, avenant « C’est mon premier trail », s’est accroché, et m’a gagné le bougre) ; heureusement que tu es là, Stéphane, pour nous éclairer. J’ai quand même vu fugitiverment une sorte de flèche me doubler, et peu après une autre, si ma mémoire est bonne. Avec ce récit, je suis mieux (du verbe suivre, mais je pense aussi, parfois)
janot
Oct 05, 2014 @ 17:55:09
Certains athlètes (Le Lion et Yohann ) courent pour les podiums ou des places d’honneurs; d’autres(athlètes) pour gagner au tirage au sort des baptêmes de l’air (Dédé) et les derniers (Cyrille et moi) pour savourer un bon velouté de cèpes!!!!!!!!!
Belle journée et félicitations à tous