En ce dimanche 12 mars 2017, je me trouve sur la ligne de départ pour le semi-marathon de BLAGNAC et ses 21,1 km.
Le temps est au vent et à la pluie… pas top. Mais impossible de reculer. Déjà un parce que ce n’est pas le genre de la maison. Deux car je cours avec ce beau maillot d’Imagine For Margo pour lutter contre le cancer des enfants et le manque de moyens de la recherche. Et trois, cette distance sert aussi à l’entraînement Marathon pour ALBI dans un mois. Et je suis accompagné par mon épouse.
A l’arrivée à BLAGNAC, le vent absent sur tout le trajet nous accueille. Je n’aime pas le vent quand je cours. La pluie, la chaleur, la neige ne me dérange pas. Mais le vent… pfffut !
Récupération du dossard et du tee-shirt en cadeau. Puis direction la voiture pour s’équiper. J’ai la chance de voir deux amis qui eux feront le 10km. Encouragements mutuels pour les kilomètres à venir. Je m’équipe et j’ai juste le temps de voir les derniers prendre le départ du 10. Le mien aura lieu dans une heure à 10h30. Tour avec mon épouse sur le petit village du semi et direction la ligne de départ. Un petit crachin se fait sentir. Espérons qu’il reste à çà sans que cela ne dégénère.
Photo devant l’arche et publication sur la page FACEBOOK destinée à ma recherche de dons pour ceux et celles qui me suivent. Je tiens à dire que j’ai reçu beaucoup de messages d’encouragements le jour et la veille de la course. C’est super motivant. Il y a du monde.
Beaucoup s’échauffent déjà à une heure du départ. Je vais attendre un peu mais il va falloir si mettre. Je commence doucement et de suite je n’ai pas de bonnes sensations. Grrr ! On verra en course mais je ne pars pas confiant.
Allez, il faut se mettre en place. Bisous à madame et check pour les enfants ! Tradition et motivation obliges !
Je me place près de la voile des meneurs d’allure des 1h45. Je sais que je ne pourrais pas suivre tout le long, l’entraînement n’étant pas prévu pour cette vitesse depuis mon début pour le marathon. Au moins faire la moitié, je verrais pour la deuxième boucle. Mon objectif est de faire aux alentours de 1h50.
Le parcours se fera sur deux tours. Donc mon épouse pourra m’encourager au passage. Et dans la surprise générale, enfin pour ceux qui sont un peu loin de la ligne de départ, ce dernier est donné. Super ambiance encore entre coureurs comme sur chaque course. Je passe la ligne et je lance les applications running. Quelques centaines de mètres après, première photo par ma première supportrice.
Et me voici, avec plus de 1100 autres participants, lancé sur les routes de BLAGNAC. Même si j’ai vécu ici cela a bien changé depuis mon départ en 1991. Le siècle dernier. Je tiens l’allure des 12 km/h. Je suis à l’intérieur de trois virages à droite d’affilés. Du coup, je me retrouve un peu devant le groupe. Sans aller plus vite qu’eux. Je reste sur ce rythme. Ils me rattraperont à coup sûr. Nous passons les premiers kilomètres tranquillement. Quelques personnes sont quand même présentes sur le bord de la route malgré les conditions climatiques. Quelques orchestres sont aussi là pour encourager tous les coureurs. Quatrième kilomètre, j’ai la surprise de voir mon épouse au bord de la route. Elle me filme au passage et je sais qu’elle tiendra mes « suiveurs » sur les réseaux sociaux. Génial ! Cela fait du bien moralement de se savoir épaulé. Vraiment. J’entends aussi des encouragements avec l’application. Là encore c’est top !
Passage près du lac à ODYSSUD. Je l’ai fait plein de fois à l’époque où je jouais au basket dans cette ville. Mais jamais sur cette distance. Des photographes sont partout. Ils me permettent de pouvoir vous faire participer avec moi à ce 21km.
Quelques virages à gauche et me revoilà dans le groupe des 1h45. Au sixième kilomètre, nous avons tous droit à une superbe douche froide. La pluie vient détremper tout le monde. Je n’avais jamais fait une course officielle sous la pluie. Maintenant c’est fait. Cela ne dure pas longtemps mais avec le vent cela refroidit. Je passe devant l’ancien bâtiment où j’habitais avec mes parents. Bien sûr des souvenirs refont surface. Ma maman est décédée d’un cancer, elle n’avait rien à l’époque où nous vivions ici. Pas de vague à l’âme. Une pensée rapide qui me rappelle pourquoi je coure. Cela aura son importance dans quelques minutes.
La fin du premier tour. Je sais que j’aurais droit à des encouragements juste pour moi. Je vois mon épouse, téléphone portable en main, nouvelle vidéo. En passant, je lui fais signe que tout va bien et que je vais lever le pied. Je ne crois pas si bien dire. Je finis le premier tour et le chrono est bon. Une heure et douze kilomètres parcourus. Premier objectif atteint. Plus que 9 km !
Et je reprends la même route que tout à l’heure. J’arrive au 14ème kilomètre et là, je ressens une douleur sous le pied gauche. Je la connais bien. Elle m’avait énormément gêné lors du semi et le marathon de TOULOUSE l’an dernier. Noooon !
Entre la pluie et le vent plus cela ce n’est pas génial. Moralement je ne suis pas super car même si le reste va bien je sais que cela peut devenir très douloureux. Je ralentis un peu plus. Je ne veux pas non plus risquer une blessure et hypothéquer le marathon du mois prochain. Je continue quand même. Il me tarde le ravitaillement. Il arrive au seizième kilomètre. Je viens de rattraper un coureur qui me dit qu’il n’avance plus. Je lui dis de s’accrocher que cela ne durera pas. Motivation double. Lui et moi ! Ravito vite pris mais mon camarade vient de me prendre quelques mètres. Je reste à ma vitesse. Elle est malgré tout dans ce que j’avais prévu et celle de l’entraînement marathon. La douleur me dérange mais me permet de poser le pied.
17ème kilomètre : la douleur devient vive d’un seul coup. La pluie revient et le vent pleine figure. Je baisse la tête et je me « cache » sous la visière de la casquette que je porte. Je suis au milieu de la route mais je ne vois pas où je vais. Je regarde juste à 50 cm devant mes pieds. Puis j’entends un « Attention !!! Fais gaffe ». Je lève les yeux et je vois un trottoir et un arbre. J’ai « dérivé » sur le bord de la route jusqu’à un parking sur le bord. Je rebaisse la tête et je prends quelques branches dans la cou et sur la tête. Je reviens de suite au milieu de la route. « Ça va ? Tu vas bien ? ». Oui cela m’a permis de me concentrer à nouveau. J’étais un peu perdu durant quelques secondes mais je repars en me disant que je dois rester bien dans ma tête.
Arbre 1 – Manu 0
La douleur semble du coup s’atténuer. En repassant devant mon « ex chez moi », mêmes pensées que tout à l’heure. Elles me permettent de me relancer. Ma mère est présente à mes côtés. On ne peut l’expliquer mais juste la sensation que l’on peut renverser les montagnes et finir malgré ce pied qui me dérange. Allez direction l’arrivée.
Je suis toujours dans le chrono que je me suis donné. Il ne reste que quelques minutes à supporter la gêne du pied et je sais que je suis attendu. Passage à l’endroit où mon épouse était au premier tour. Mais elle doit être plus proche de l’arche d’arrivée. Je la vois sous le passage dans le parking. A l’abri de la pluie et un peu du vent. En courant j’ai presque chaud. A m’attendre elle a dû avoir froid avec ce vent. Elle me filme et m’encourage. C’est la fin. 400m.
J’accélère autant que je peux et je vois la ligne de chronométrage. Un geste pour ma maman comme toujours. Et passage sous l’arche.
Un peu plus d’une heure et cinquante minutes. Deuxième objectif atteint. Le troisième est le plus important pour moi, j’ai pu montrer ce maillot de cette belle association.
J’ai pu attendre une petite fille dire à sa maman « pourquoi enfants sans cancer ? » « Des enfants sont malades tu sais ». Cela ne dure pas longtemps. A la vitesse où je coure, j’ai le temps d’entendre ce genre de phrases. Cela prouve que l’info se donne.
Avant le retour et le départ de BLAGNAC, je récupère le ravitaillement. Je prends des barres au chocolat. Elles ne sont pas pour moi. Mais pour une bénévole. Elle m’a renseigné à mon arrivée, encouragée durant les deux passages devant elle. Je lui donne en la remerciant. Elle me remercie et avale les deux gourmandises rapidement. Il faut aussi penser aux bénévoles car sans eux il n’y aurait pas de course.